N° 2
13-novembre-2000
Journal de formation des salariés de Coca-Cola
Par FORCE OUVRIERE

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13-nov-2000
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Le meilleur manager
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Le meilleur manager

Je souhaiterais que tu m'expliques tes conceptions du management car tes idées me semblent choquer le bon sens. Parfois, à t'entendre, on pourrait croire que le pire manager est celui qui est obéi au doigt et à l'oeil par ses collaborateurs et que le meilleur est celui qui n'est pas obéi à 100%. Tes formules sont dites en paradoxes et pourtant elles me conviennent. Elles décrivent à merveille les meilleurs conseils pour ceux qui veulent diriger des équipes dans une entreprise. Pourtant, les propositions inverses peuvent aussi être vraies dans une autre entreprise si son développement est différent.
N'est-ce pas là deux affirmations contradictoires. Comment ces deux vérités opposées que tu formules peuvent-elles coexister dans une réalité identique? Parce que la vie de tous les jours est sous mille formes et que les seules réalités sont concrètes. La logique de l'animal prédateur n'est pas la même que celle de l'animal proie, la mode de l'habillement d'un pays chaud ne peut pas plaire dans un pays froid, et le général qui a une troupe peu nombreuse ne va pas se battre de la même façon que celui qui peut aligner des divisions.
Restons dans le domaine des entreprises. N'ont-elles pas toutes une hiérarchie et la hiérarchie n'est-elle pas un moyen propre à toute organisation sociale d'atteindre un but? Tu fais bien de rappeler ce but et ces moyens car justement, le management ne se résume pas au manager puisque ce dernier travaille avec des collaborateurs, c'est-à-dire qu'étymologiquement et réellement ils doivent travailler ensemble. Si deux entreprises n'ont pas le même but, ne perçois-tu pas qu'elles doivent aussi avoir des managements adaptés à ces buts, donc différents?
Montre-moi ces réalités différentes dans les entreprises. Il en est des entreprises comme des différentes espèces animales. Certaines vivent dans un espace où l'alimentation est abondante, sans prédateur et sans concurrence, alors que d'autres doivent subsister avec des facteurs différents. Une entreprise qui a ces trois atouts
  • clients dont il faut changer les habitudes alimentaires,
  • concurrents qui n'hésitent pas à se saisir de toute faiblesse de présence dans un secteur
  • et renom qui valorise en publicité tous ceux qui la critiquent ou l'insultent,
    est forcément plus difficile à manager au niveau de ses équipes.
  • Dois-je comprendre qu'il n'y a pas de méthode idéale de management mais que le management doit s'exprimer différemment selon la vie propre de l'entreprise et selon son contexte particulier? C'est bien ce que je dis. Si on regarde deux extrêmes, par exemple l'entreprise où le travail n'a pratiquement pas changé depuis dix ans, avec les mêmes opérations faites dans une organisation stable et celle où le travail a dû incorporer des changements dans ce qui est fait, dans la façon de faire, et s'est accompagné de changements organisationnels importants, on ne peut faire le même management, ou alors, il faut sans cesse dans la seconde avoir recours à des primes, des sanctions et des réorganisations stériles qui traitent les conséquences et non les causes.
    Si je comprends bien, tu veux me dire que s'applique dans une telle entreprise le paradoxe cité au début de mon interpellation ? Il serait vrai que " le pire manager est celui qui est obéi au doigt et à l'œil par ses collaborateurs et que le meilleur manager est celui qui n'est pas obéit à 100% "? Tout à fait. Il est clair qu'en face de modifications technologiques celui qui perçoit le mieux les évolutions nécessaires, les conditions de travail et l'organisation de l'équipe, c'est celui qui est sur le terrain, l'opérationnel. Te rappelles-tu le propos d'un industriel américain cherchant à standardiser les gestes adaptés à une chaîne?
    Tu fais allusion au fait qu'il choisissait et observait un ouvrier à la fois nonchalant et futé pour trouver les gestes efficaces? Exact. Si le manager laisse ses collaborateurs libres de s'organiser face à un changement dans le travail, il n'aura qu'à synthétiser les meilleures adaptations. Mais il doit aller jusqu'au bout de cette liberté d'organisation. S'il veut se mêler de réglementer des choses qu'il n'utilise pas, s'il interdit ou commande tout en disant qu'il laisse l'initiative, il est sûr qu'il n'obtiendra pas le meilleur résultat du travail.
    Dans une entreprise qui innove, qui se modernise et se développe, le meilleur manager serait donc celui qui n'est pas obéi à 100%? Tu as bien compris. Les changements dans les entreprises se font le plus souvent après résistance de l'encadrement et des directions, après des réclamations des salariés et des échecs répétés du matériel, des méthodes et des organisations anciennes pour résoudre les problèmes. Chaque salarié recherche forcément la meilleure façon de travailler en présence d'ordres vides ou de matériels obsolètes. Après deux ou trois ans de résistance, l'encadrement et les directions découvrent ce qu'ils avaient combattu.
    L'histoire que tu brosses des entreprises est bien pessimiste et presque désespérante. Cette histoire sera pessimiste tant que le manager n'aura pas admis qu'il n'est pas le moteur du changement. Le rôle du syndicat, parce qu'il est un formidable moyen de réflexion collective, hors lien hiérarchique, hors intérêt de service et au delà des statuts, est un puissant outil pour aider les salariés à améliorer leurs conditions de travail individuelles et collectives et sa force est le garant de la justesse et de la rapidité des décisions des directions.


    c.gif Dialogues d' © André PUJOL (nov-2000)
    top.gif Dépôt établissement CCE Grigny : 13-novembre-2000 Responsable publication : André PUJOL


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